De la poussière des archives à la lumière de la photographie
Diplômée d’archéologie Katarzyna Mirczak a développé une fascination pour les objets d’archives scientifiques et médico-légales. L’ancienne étudiante a photographié des peaux de criminels tatouées, stockées dans les dédales sombres d’une université polonaise. De petits récipients en verre, contenant les peaux bleutées, font d’étranges petites natures mortes.
Texte : @Alexandra Bay – Photos : @Katarzyna Mirczak
Special signs : Conserver les codes
L’anthropologie médico-légale a marqué ses adeptes. Fin 19e/début 20e siècle, recueillir les signes portés par les prisonniers est devenu légion. Ainsi, dès 1872, le département de médecine légale de l’Université Jagiellonian constitue ses archives auprès de la prison de Montelupich ou « street of the Montelupi family » de Cracovie. Ils constituent ainsi une belle collection de peaux conservées dans des pots en verre (normalement destinés aux vésicules biliaires) et baignées dans du formol.
Le blog de photo journalisme foto8 précise qu’en 1970, le département de la milice du CSI de Varsovie a publié un document qui analysait plus de 2300 tatouages et notamment ceux de l’Université de Jagiellonian.
Une collection scientifique
Avec son œil académique, Katarzyna Mirczak a photographié les peaux tatoués avec une précision « scientifique ». Elle a ainsi exposé les photographies de 25 pots en verre contenant les peaux tatouées et chacun accompagné d’un descriptif : prénom, âge et cause du décès.
Katarzyna Mirczak a photographié des objets conservés dans les archives institutionnelles non destinées au grand public. Elle a ainsi souhaité dévoiler une part obscure de la médecine avec des photos sur fond blanc, tout en sobriété.
Cependant, dans une interview donnée au Tygodnik Powszechny, elle finit d’expliquer sa démarche : « Quand vous donnez un nom à un corps et déchiffrez le code pénal, vous vous rapprochez, au plus près, de quelque chose d’effrayant qui nous attend tous et auquel nous ne pouvons pas échapper ».