Rafel Delalande, tatoueur français de renommée mondiale, exerce son art dans le salon prestigieux Seven Doors, à Londres. Valentin Petit a réussi à capturer l’aura mystique de l’artiste dans une vidéo de trois minutes. La maison de production de ce dernier, Ocurens, a retranscrit avec justesse l’univers intense et décalé du tatoueur. Des sommets vertigineux aux symboles mystérieux, c’est un grand saut dans le vide.
Texte d’Alexandra Bay publié sur Jeter l’encre
Au bord de la falaise
Dans les premières minutes du clip, on voit Rafel Delalande qui se lance dans le vide en sautant d’une falaise. S’ensuit une succession d’images captivantes, oscillant entre les profondeurs obscures où évolue l’artiste tatoueur et les paysages étendus illuminés par une clarté aveuglante. Entre mysticisme et liberté, Rafel s’exprime sur l’une des inspirations les plus fortes de son style : la religion.
« Je ne suis pas religieux. Vraiment pas, je pense que les religions sont dangereuses. Elles ont de bonnes intentions et veulent aider. Mais le problème, c’est qu’à un moment j’ai compris qu’elles croyaient pouvoir décider ce qui est bon pour moi. Ça m’est vraiment insultant… […] Personne ne peut me dire ce que je dois faire de ma vie. »
Athéisme
Après avoir brièvement abordé l’athéisme, Rafel enchaîne sur le thème des regrets liés au vieillissement des tatouages. Le tatoueur exprime son désaccord face à ces préoccupations. Nous revenons à la réalité : des chats se tiennent sur le seuil d’une porte. Suivent des images de cimetière qui ajoutent à l’ambiance obscure… Le tatoueur trouve du réconfort en flânant dans ces endroits qu’il trouve apaisants. «Beaucoup de gens pensent que je suis sataniste. Tout ce que l’on sait du satanisme vient de l’imagerie catholique. C’est pourquoi je visite des églises. J’ai une préférence pour les sujets noirs, tristes et apeurants. J’aime quand un tatouage est sombre. De plus, je pense que se faire tatouer quelque chose d’effrayant est un réel engagement.»
Des tatouages sombres et effrayants
L’engagement du tatoué est crucial, comme le souligne Rafel. Cette motivation est encore plus marquée lorsque le tatouage choisi est sombre et anticonformiste. Et c’est définitivement le style de notre artiste. «J’essaie de garder l’aspect plus extrême du tatouage comme il est supposé être. Malgré le fait, que ce soit devenu très trendy, récemment. C’est comme ça qu’est supposé être la culture tattoo ! Évidemment, je ne regrette rien de ce que je porte. Le tatouage est devenu ma façon de m’exprimer. Je sais que ça à l’air niais. Mais si je suis devenu tatoueur, c’est que je suis une personne créative. Et si je suis comme tel, c’est que j’ai quelque chose à dire»
Une intimité partagée
Cette vidéo incroyable dévoile l’intimité artistique du tatoueur. On y voit Rafel Delalande s’affairer dans son studio, appliquant soigneusement des points pour créer les ombres de l’un de ses dessins : un crâne aux multiples yeux, orné de verrues saillantes. Evidemment, l’artiste affectionne particulièrement la représentation des chimères, des personnages étranges et difformes. Le tatoueur s’inspire également des symboles ésotériques tout droit sortis des manuels de médecine du début du siècle ou des livres religieux. Dans les dernières scènes, le tatoueur prépare ses outils, puis on le voit piquer en slowmotion. Rafel Delalande s’accomplit en exprimant les démons qui le hantent, ainsi que ceux de ses clients.