Français d’adoption, depuis 2001, Nicoz est un artiste accompli qui a su affirmer son univers sur tous les supports : du papier à la peau. Son trait fin et délicat ainsi que ses couleurs pastel nous offrent un univers empreint de sensibilité aux reflets parfois obscurs.
Texte : Alexandra Bay – Art, tattoo et photos : Nicoz
De petites filles aux longs cheveux côtoient les loups de contes de fées, amoureuses de ces redoutables prédateurs. Un univers féerique où les héroïnes aux allures fragiles sont les icônes de mises en scène parfois étranges. Si l’Italien fréquente le body art depuis l’adolescence, il s’est lancé il y a 3 ans (NDLR : article de 2016) dans une carrière de tatoueur. Avec un succès grandissant, Nicoz n’a pas fini d’encrer ses pièces uniques sur les peaux.
Passion du fanzinat et des arts
Aussi loin qu’il se souvienne, le Romain Nicoz a toujours été attiré par les arts graphiques et le tatouage. À l’adolescence, il exerce ses talents en option arts appliqués dès le lycée. Et en 95, avec de bonnes copines, il créait « Catholics girls » – inspiré d’un titre de Franck Zappa – un fanzine qui mélange dessins, bd, interviews et musique de Riot grrrls. Inspiré des œuvres autobiographiques de la Canadienne Julie Doucet , Nicoz traduit en italien des planches de l’artiste pour les publier dans le fanzine.
Nicoz poursuit ses études d’art à Pennighen, lorsque Chris quitte la boutique. Il lui propose alors de le remplacer à l’accueil.
Nicoz envoie alors à Julie Doucet son projet de publication accompagné d’une interview. Alors qu’il craint sa réaction, l’artiste le remercie pour son travail de traduction et répond à son interview. Nicoz rencontre la « grrrl » en 2002 lors d’une exposition à Paris, puis ils se retrouvent par la suite sur plusieurs projets notamment en collaboration avec le « Dernier cri » et le fanzine « Vagina Mushroom ».
Après « Catholics Girls » et influencé par Julie Doucet, en 1996, Nicoz décide de lancer son fanzine solo « Caccapiscia » (Pipi Caca en italien) avec des sketchs autobiographiques, premières ébauches de ses « Momeskines ». Ce sont ses premiers pas d’artiste dans l’illustration. Ses dessins ne sont ni contestataires, ni politiques, même si les musiques ou autres formes d’art anticonformistes inspirent son trait.
Rencontre à Paris
En 2001, l’Italien débarque à Paris. Imprégné par les magazines « tattoos », il rêve de se faire encrer par Tin-Tin. Perdu dans la capitale, Nicoz appelle son pote Giuseppe Ormando – « Till Death Tattoo » – à Rome qui lui indique l’adresse de rue Saint-Sébastien, sauf que le tatoueur a déménagé à Pigalle. Pas de chance, l’info était issue d’ un vieux « Tattoo Life ».
Ce qu’il admire dans l’art ? L’expression sincère de l’âme artistique en phase avec l’œuvre produite.
Rue Saint-Sébastien, le shop tattoo existe encore et c’est Luc, un ancien apprenti de Tin-Tin, qui le reçoit. À l’accueil, Nicoz sympathise avec Chris Coppola qui lui suggère un autre tatoueur pour son projet de sirène sur l’avant-bras gauche : Guicho. Nicoz ne le sait pas encore, mais cette rencontre va sceller son installation à Paris.
Nicoz poursuit ses études d’art à Pennighen, lorsque Chris quitte la boutique. Il lui propose alors de le remplacer à l’accueil. Nicoz saute sur l’occasion. Il assure également le piercing, le nettoyage des locaux et la stérilisation des aiguilles, etc. Il touche enfin un vrai salaire pour cette activité qui le passionne.
Recherches artistiques
Nicoz jongle entre tatouage et illustration. Il affine son identité graphique, désormais identifiable : fines lignes et couleurs pastel. Son dessin offre une vision romanesque de personnages humains ou animaliers mis en scène dans un univers féerique mêlés à des symboliques volontairement plus trashs. Il teste tous les supports, du bois à la bâche en plastique. Son art n’a pas de limite technique, destiné à être retranscrit sur la peau.
Son travail d’illustration commence à trouver écho, Nicoz est publié dans : Target Magazine, Rugged, Kult, Juxtapoz.
Ce qu’il admire dans l’art ? L’expression sincère de l’âme artistique en phase avec l’œuvre produite. Pour lui, la copie relève uniquement du trait pour trait. En effet, « les inspirations sont des contaminations, des tendances dans l’air du temps qui imprègnent les personnalités ».
On retrouve dans ses influences, pour ne citer que les plus connus : l’artiste britannique à forte personnalité Tracey Emin, l’illustrateur britannique onirique Arthur Rackam, la peintre mexicaine féministe et révolutionnaire Frida Kahlo, le roi du street art Basquiat et le peintre contemporain « biz’art » Mark Ryden.
De Paris à la Rochelle
Son travail d’illustration commence à trouver écho, Nicoz est publié dans : Target Magazine, Rugged, Kult, Juxtapoz. Un magazine de tatouage français lui consacre même un article, début de la reconnaissance. Nostalgique de l’océan, Guicho se lasse du bitume parisien, alors en 2004, ils mettent les voiles direction la Rochelle, la ville natale du tatoueur.
Co-Gérant de la boutique, l’italien commence à tatouer, mais ses illustrations ne correspondent pas à l’idée qu’il se fait du tatouage.
Ils ouvrent leur propre boutique de tatouage «Outsider Ink» et une galerie d’art, la « True Hate Art Gallery ». Nicoz gère l’accueil et le piercing d’ « Outsider Ink » tout en assurant l’organisation des expositions de la « True Hate Art Gallery ». Co-Gérant de la boutique, l’italien commence à tatouer, mais ses illustrations ne correspondent pas à l’idée qu’il se fait du tatouage.
Des débuts timides
Nicoz a peur de transgresser les règles du milieu et le tatouage graphique n’est pas encore à la mode. Seuls Yann Black, Kostek ou Lionel Fahy commencent à trouver leur place. En 2012, une amie lui demande d’encrer l’une de ses pyrogravures : une frêle jeune fille aux longs cheveux se love dans les bras d’un loup imposant. Ce premier essai est un vrai succès et d’autres client(e)s sollicitent Nicoz pour se faire piquer ses illustrations.
Si Nicoz se concentre sur le tatouage, il poursuit son travail d’illustration et livre son quotidien dans ses « Momeskines ».
Il prend enfin son envol de tatoueur, soutenu par son amie Viola Von Hell du Ten Bells (Rome) et Mallo (Instagram – @califostia). Nicoz aime construire des projets avec ses clients et travaille de moins en moins au flash. Il adapte ses illustrations aux contraintes tattoos, allège les détails et garde l’essentiel.
Une carrière lancée !
En 2013, on retrouve Nicoz en guest chez Mystery Tattoo Club à Paris et Ten bells à Rome. Il précise sa technique grâce aux précieux conseils de ses collègues Sacha, Karl Marc ou Just et gagne en rapidité. Il bouge peu en guest. En effet, l’italien du mal à laisser sa fille Mina. La prochaine étape ? L’ouverture de son atelier privé, un projet à suivre.
Depuis ce portrait, l’artiste a ouvert son propre shop Strangeland, à la Rochelle
Si Nicoz se concentre sur le tatouage, il poursuit son travail d’illustration et livre son quotidien dans ses « Momeskines ». Une œuvre mêlant le journal intime et les illustrations. Igort, artiste italien et éditeur, décide d’en assurer la publication en quatre tomes. Le journal sera disponible d’ici la fin de l’année en anglais, italien et français. Un travail de longue haleine. (NDLR : le journal est disponible depuis la publication de cet article)
Nicoz Balboa – La Rochelle, Paris, Rome
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NB. : Depuis ce portrait, l’artiste a ouvert son propre shop Strangeland.