« Mauvaises filles » est un recueil de photographies édité par la Manufacture de Livres. Après les « Mauvais garçons », la maison d’édition rend hommage aux mauvaises filles du début du 20e siècle. Ainsi, elle édite la collection de photos de Monsieur X, un passionné d’images érotiques.
Article rédigé par Alexandra Bay et publié sur Jeter L’encre
Monsieur X a été le témoin privilégié d’une époque désormais révolue, celle des maisons closes. De 1920 à 1940, il va mettre en scène et photographier bon nombre de prostituées lors de ses visites. Si la maison close est dans l’air du temps, Monsieur X a depuis jeté tous ses négatifs. Dans les années 90, il va confier sa collection à un libraire Alexandre Dupouy. Il souhaite partager sa collection de photos, mais tient à conserver l’anonymat.
Témoignage photographique de la vie d’une maison close
« Mauvaises filles » reprend la trame du livre « Mauvais garçons ». En effet, on navigue entre le récit et les photographies en noir et blanc. On découvre le quotidien d’une maison close du quartier de Pigalle, dans le 18e arrondissement de Paris. Nos mauvaises filles Fanfan, Mado ou Suzy dépeignent avec curiosité le personnage de Monsieur X : « Depuis quelque temps, il y a du nouveau dans la maison. Un monsieur qui vient nous voir régulièrement. Il a l’air très riche, toujours élégant et soigné, quoiqu’un peu âgé. Il entre discrètement, en nous saluant comme des vraies Dames.
On se sentirait presque empotées avec nos corsets un peu élimés, nos chaussures aux talons boiteux et nos ongles jamais parfaits. On surveille notre langage, mais rien à faire, on est habituées à se parler comme des hommes, avec l’odeur du tabac sur la langue et tout. Ce qui est bien, avec ce Monsieur, c’est qu’on n’est jamais obligées de faire des choses un peu bizarres, comme avec certains autres. Ce qu’il veut, c’est nous prendre en photographie. »
Filles de mauvaise vie, mais libres
« Mauvaises filles » révèle l’univers mystérieux des maisons closes du vieux Paris. On retrouve le mobilier ouvragé, les fauteuils en velours, les tapisseries décorées et toute l’ambiance clinquante des maisons de joie. Les filles de joie apparaissent sous un jour différent : libres de toute pression sociale, et pourtant. Les jolies Fanfan, Mado, Nénette posent le sourire aux lèvres, jupon relevé et jambes écartées. Des clichés où se met en place une relation intime et privilégiée entre les modèles et le photographe.
Si les maisons closes vous fascinent, je vous invite à visiter la Galerie « Au bonheur du jour », située dans la rue du célèbre « Le Chabanais ». Ils ont une importante collection de livres et de photographies de cette époque. Pour finir, faites un détour au Delaville café, situé au métro Bonne-Nouvelle. C’était une maison close. Depuis, son propriétaire a transformé le lieu en café tout en conservant le décor d’origine.
ISBN 9782358870849
Sorti en 18 novembre 2014
Prix : 29€
La Manufacture de livres