En 2015, Marlen McKey a ouvert son shop « Beto Beto Tattoo ». Sous le soleil de Rimini, l’Italienne de 35 ans exerce le métier de tatoueuse depuis 13 ans.
En 2015, Marlen McKey a ouvert son shop « Beto Beto Tattoo ». Sous le soleil de Rimini, l’Italienne de 35 ans exerce le métier de tatoueuse depuis 13 ans. Sensible et timide, la jeune femme encre un tatouage aux tonalités chaudes, aux traits délicats et aux graphismes naïfs. Si le tatouage est sa nouvelle vocation, la styliste continue ses créations « mode ».
Texte : @Alexandra Bay
Faux départ dans l’industrie de la mode
Ses clients l’appellent Marlin comme le poisson — une espèce d’espadon — ou Marlene MacKenzie. De son vrai prénom Sabrina, la jeune femme aime utiliser un pseudo. Pour tatouer, la timide Sabrina revêt ainsi son masque de Marlen McKey. À 35 ans, elle manipule le dermographe depuis 13 ans. Son studio « Beto Beto Tattoo » est situé dans le centre de Rimini, une ville de la côte est de l’Italie. C’était une station balnéaire très en vogue dans les années 80. De nombreux touristes passaient leurs vacances dans les clubs de la cité.
Elle a appris à organiser, concevoir et résoudre des problèmes très rapidement, comme elle le dit si bien : « aussi vite que la “mode” peut être changeante. »
Marlen McKey
Comme de nombreux artistes, Marlen se rappelle avoir toujours dessiné depuis l’enfance. Au début par mimétisme, elle copie sa sœur aînée. Très vite, la petite fille sent que c’est sa voie et son mode d’expression favori. À l’école, elle griffonne pour ses camarades de classe. Au lycée, elle lance même une mode. La tatoueuse se souvient avec tendresse : « J’ai illustré tout un alphabet de lettres stylisées dans les agendas scolaires de mes amis. L’alphabet s’est propagé parmi les élèves. Ils l’ont modifié et déformé. »
Après une école d’art, elle commence à travailler dans un studio de graphisme et de design de mode. La boss de l’agence fonde une marque. Elle confie à Marlen la partie « accessoires pour femme ». Cette première expérience dans l’industrie de la mode n’est pas un souvenir très agréable. La tatoueuse n’est pas très à l’aise dans son nouvel environnement professionnel. Malgré tout, elle retient les aspects positifs de cette ce passage dans la création textile. Elle a appris à organiser, concevoir et résoudre des problèmes très rapidement, comme elle le dit si bien : « aussi vite que la “mode” peut être changeante. »
Du textile au tatouage
À cette période, elle rencontre Olly, un tatoueur qui travaille au « Black Market Tattoo », situé à 2 heures deroute de Rimini. Dans son magasin, elle a la chance d’observer le quotidien d’un studio de tatouage. Elle est immédiatement amoureuse de ce métier. À partir de ce moment-là, elle sait qu’elle veut devenir tatoueuse. Comme beaucoup d’autres, elle commence par être son propre cobaye en 2004. Elle est trop stressée pour piquer des gens sans un solide apprentissage.
» Je ne peux pas me concentrer uniquement sur l’art du tatouage. Je ressens le besoin de créer. »
Marlen Mckey
Elle tombe par hasard sur une annonce. Un street shop recherche un résident. Si elle ne se considère pas encore du métier, elle essaie de présenter son meilleur book. Elle est immédiatement embauchée. Le magasin est dirigé par un manager qui ne tatoue pas. Des guests viennent régulièrement pour faire tourner la boutique. Pendant ce temps, Marlen dessine et apprend les rudiments du métier. Elle assimile aussi le fonctionnement d’un studio. Petit à petit, elle commence à tatouer des clients. Elle se fait la main dans cette boutique pendant 5 ans.
Puis un jour, l’Italienne a envie de changer d’air, elle part alors à Madrid. C’est une mauvaise idée. Après quelques petites expériences en Espagne, elle décide de revenir en Italie. À son retour, elle réussit à trouver une place chez « Skinwear Tattoo » à Rimini. Elle y travaille pendant 5 ans, puis s’envole de ses propres ailes. Grâce à un ami cher et surtout de la chance, elle ouvre son shop « Beto Beto Tattoo » en 2015. C’est une boutique chaleureuse de 20 mètres carrés dans le centre-ville de Rimini.
Des inspirations japonaises
L’Italienne cite l’une de ses références : « J’ai vu un documentaire incroyable sur Hokusai, il n’y a pas si longtemps. Il disait qu’il faut trois éléments pour être un bon artiste : les yeux, le cœur et les mains. Ç a ne marchera pas s’il en manque un ! » Si Marlen s’épanouit dans le tatouage, elle est issue du design. Aussi, l’encre ne suffit pas à assouvir ses envies de créativité. La jeune femme explique « Je ne peux pas me concentrer uniquement sur l’art du tatouage.
Je ressens le besoin de créer. J ’essaie de traduire tous mes rêves ainsi que mes visions. Mes dessins sont devenus des jouets, des sacs, des accessoires, des sérigraphies ou des illustrations. Je ne m’arrête jamais un instant, j’ai une longue liste de choses que j’aimerais faire. Le projet le plus récent est un livre pour enfants que j’ai eu le plaisir d’illustrer pour un très bon ami ! C’est mon premier livre, c’est très excitant ! »
« Choisissez un travail que vous aimez et vous ne travaillerez jamais, pas même un jour de votre vie entière »
Marlen Mckey
Dans ses sources d’inspirations, Marlen cite notamment l’illustration enfantine, surtout les livres des années 50 et 60. On retrouve bien là l’aspect naïf de ses tatouages. Elle adore aussi observer les vieilles illustrations des années 20 et 30. Elle apprécie la netteté des contours de J.C Leyendecker et l’imaginaire de Ralph Hulett.
Mais ses influences les plus fortes sont issues de l’Asie. Marlen puise une grande inspiration dans les arts japonais anciens. Elle est très influencée par la mythologie asiatique. Elle raconte : « Je dessine souvent des monstres et créatures de fiction. Le folklore japonais est très riche en iconographie ! J’expérimente sans cesse de nouvelles techniques. J’aime travailler avec le papier et les textiles. Je fabrique actuellement une série de poupées en tissu que vous verrez bientôt ! »
Une force de travail
Pour nourrir son univers créatif, la tatoueuse participe à de nombreux ateliers comme la calligraphie ou le stop motion. Elle confie « Il ne faut jamais cesser d’apprendre. Dans 10 ans, j’espère avoir encore beaucoup d’imagination, d’inspiration et de dévouement. Ces 3 mots-clés sont les moteurs qui m’aident à rester innovante dans mon travail. »
Marlen ne cesse jamais de travailler. Durant son temps libre, elle continue de dessiner et de tester de nouveaux matériaux. Elle ne se déconnecte jamais de l’hémisphère gauche de son cerveau.
Lorsqu’elle dessine un flash, elle fait beaucoup de recherches. Elle est très méticuleuse et dure dans la critique de son travail. Elle cherche constamment à corriger ses dessins. Elle fait de nombreux tests avant d’aboutir à un résultat « satisfaisant ». Ainsi la tatoueuse confie avec humour : « Je rêve de développer une nouvelle méthode où des clones pourraient m’aider à rattraper mon retard. Sans compter que je contribue largement à la déforestation, compte tenu de la quantité insensée de feuilles de papier que j’utilise pour mes croquis. »
Marlen ne cesse jamais de travailler. Durant son temps libre, elle continue de dessiner et de tester de nouveaux matériaux. Elle ne se déconnecte jamais de l’hémisphère gauche de son cerveau. Mais, elle est très fière de gérer son propre studio et comme elle le dit si joliment : « Choisissez un travail que vous aimez et vous ne travaillerez jamais, pas même un jour de votre vie entière ». Site officiel : www.betobetotattoos.com
Instagram: @marlenmckey
@betobetotattoos
@gurugurulab