C’est l’éternelle question posée aux tatoués. Est-ce que le tatouage fait mal ? Qu’elle soit insupportable ou tolérable, la douleur est indissociable du tatouage. Imaginez plusieurs aiguilles qui entrent et sortent de votre peau une bonne cinquantaine de fois par seconde.
La surface est perforée selon la forme de votre motif et les aiguilles percent le derme à un bon millimètre pour y déposer de l’encre. Cela n’a rien d’anodin et si les endorphines font leur travail, selon la force de l’artiste, son humeur et sa disposition, une séance de tatouage peut paraître bien longue.
Texte : @Alexandra Bay
1/ Votre seuil de tolérance
Le principal paramètre à prendre en compte est votre propre seuil de tolérance à la douleur. Vous seul connaissez votre corps et ses limites. Préparez-le à supporter la douleur. Il n’est pas question de faire la fête jusqu’à 4 heures du matin, ni de picoler trop. Il faut savoir que boire beaucoup d’alcool fluidifie le sang. Le jour de la séance, non seulement, vous aurez une migraine carabinée et un seuil de douleur amoindri par la fatigue, mais en plus, vous saignerez plus !
La façon dont vous appréhendez la douleur est également un facteur clé. Plus vous crisperez votre corps au moment du piquage et plus vous souffrirez ! Dormez bien, mangez correctement et buvez beaucoup d’eau. Se détacher de la douleur demande une concentration particulière. Une bonne disposition physique aide à endurer la souffrance. Par contre, si votre intolérance à la douleur est d’origine phobique, l’artiste Nicolas Yede conseille des séances de relaxation, de sophrologie, et même d’hypnose.
2/ L’artiste
L’artiste est un autre paramètre à prendre en compte dans la douleur. Les tatoueurs n’ont pas du tout la même manière de tatouer. Il y a des artistes qui piquent tout doucement. Puis, il y a les rapides qui maîtrisent parfaitement leur technique. Ils aiment quand la couleur rentre bien et ils y vont de bon cœur. L’empathie est une notion complexe pour un artiste qui tatoue. Surtout que pour bien tatouer, il faut oublier que le client souffre. On tend la peau et on pique dans la couenne ! Il faut savoir que le tracé est moins douloureux que le remplissage des couleurs.
Donc si vous optez pour un motif fineline tout en tracé, ce sera un peu moins douloureux qu’un gros motif en couleurs. Sans crier toutes les trente secondes ou miauler (je pense à notre lectrice du 135), n’hésitez pas à manifester une douleur trop forte, le tatoueur réajustera sa manière d’encrer ou avec un peu de chance, vous ferez une pause. Le moment préféré de nombreux tatoués, le petit nettoyage avant la pause. L’eau qui passe sur la peau fait un bien fou. Sachez juste que la reprise n’en est que plus difficile ! Si la douleur devient insupportable, les artistes à l’écoute proposent de diviser la séance.
3/ L’outil
La machine est un paramètre « douleur » non-négligeable. Bien qu’il semble simple à régler, le dermographe demande un minimum de savoir technique. Expérience personnelle, un tatoueur m’a littéralement découpé la peau avec un faisceau d’aiguilles abîmées durant une séance de 4 heures. Le tatoueur a poursuivi comme si de rien n’était. Bon, on ne fera pas d’un incident, une généralité. La plupart des tatoueurs ont leur matériel de prédilection et connaissent très bien leurs machines.
Ainsi, Alice Patalucci baisse le voltage de sa machine durant le remplissage pour être moins agressive. Vous pouvez aussi tester le handpoke, le tatouage sans machine, avec un faisceau d’aiguilles et la main comme seule mécanique. La douleur est différente et moins lancinante. L’encrage, point par point, traumatise moins la peau. En revanche, la séance est plus longue, mais la cicatrisation, plus douce. Je ne saurais pas vous parler de techniques ancestrales comme le tatouage polynésien. J’ai pu observer des séances lors de conventions, et la douleur est largement palpable.
4/ Quels sont les endroits les moins douloureux et les plus douloureux ?
En général, on considère les parties plus charnues avec du muscle et de la peau épaisse comme moins douloureuses. Tout comme les parties pourvues de peu de terminaisons nerveuses. À contrario, les zones osseuses, les parties peu graisseuses avec une peau fine, les endroits pourvus de nombreuses terminaisons nerveuses sont les plus sensibles.
Voici les endroits considérés comme très douloureux : le visage, les oreilles, le cou et la gorge, le sternum, l’aisselle, les tétons, le ventre, les côtes, l’intérieur des bras et du coude, l’intérieur des poignets, les mains, les doigts, etc. J’arrête le listing et vous laisse observer l’infographie ci-dessous…
On ne veut pas vous déprimer, mais le tatouage reste quand même un acte douloureux. Et à mon sens, cette douleur fait partie du rituel. Intérioriser sa douleur, permet de se recentrer sur soi et de se laver la tête en quelque sorte. C’est un moment durant lequel je ne réfléchis plus.
Les crèmes anesthésiantes
La crème anesthésiante est un médicament dont l’usage est réservé aux professionnels de la santé. Il est interdit aux artistes tatoueurs de les utiliser au risque de qualification d’exercice illégal de la médecine. En effet, les crèmes anesthésiantes sont composées principalement de lidocaïne et de prilocaïne. De plus, pour avoir testé une crème, il s’agit d’un leurre temporaire. Au cours d’une séance de 4 heures, je commençais à vraiment souffrir.
J’ai souhaité utiliser cette crème. L’effet a duré environ 10 à 15 minutes. Autant vous dire que lorsque la douleur s’est réveillée, c’était bien pire… J’ai eu envie de pleurer la dernière demi-heure suivante… Ainsi, on vous déconseille d’utiliser ces crèmes qui ne sont pas une solution miracle. Le plus raisonnable est de fixer une séance dont vous pourrez supporter la durée. Si vous êtes fatiguée ou malade, écourtez ou reportez le rendez-vous.
Par contre, on n’annule pas 24 heures à l’avance. Ne soyez pas présomptueux sur votre résistance à la douleur. Le marathon des 48 heures du tatouage, c’est de la torture physique, j’entends pour votre corps. De plus, la cicatrisation dépendra de votre fatigue et de votre récupération physique.