Tatoués, nous sommes nombreux à avoir fait n’importe quoi lors de notre 1ère fois ! Surtout dans les années 90, mais vous n’étiez peut-être pas né ! Si nous ne le regrettons pas forcément, pour autant, se faire encrer n’est pas un acte anodin. Alors, si vous cherchez encore des motifs sur Google ou gribouillez un croquis maladroit sur la nappe, au bord d’une table, abandonnez et écoutez nos conseils de vieux tatoués ! Le tatouage est le reflet de soi, prenez le temps d’y réfléchir.
Texte : @Alexandra Bay
1 / On découvre le tatouage à fond !
On découvre les différents styles de tatouage. Le tatouage est un art à part entière que vous devez découvrir, ne serait-ce que par curiosité intellectuelle. Lisez des livres et des maga-zines, regardez des émissions sérieuses sur le sujet. Oubliez les blogs qui racontent souvent des approximations… Évitez le copié collé Pinterest. Ce réseau nous abreuve d’images sans aucun crédit. Vous allez voir de jolies pièces sans savoir qui les a encrées… Intéressez-vous au travail de vrais artistes sur Instagram. Adhérez aux groupes spécialisés de Facebook, les artistes y partagent dès fois leurs œuvres. À vous de sélectionner le ou les style(s) qui correspond(ent) le mieux à vos goûts, car il n’est pas interdit de porter plusieurs style(s). C’est votre corps, ce sont vos choix.
2/ On choisit son artiste !
Votre curiosité « tattoo » sera votre meilleur atout. Si vous avez enrichi votre culture dans le domaine, vous avez aussi exercé votre œil de Padawan. Observez les créations de différents tatoueurs et profitez des conventions pour les rencontrer en chair en et en os. Privilégiez plutôt un tatoueur qui met du cœur à affiner son style et à en maîtriser les codes. Certains tatoueurs sont ultras polyvalents au détriment de la qualité, sauf ceux qui ont de la bouteille et accumulent les années d’expérience (20 à 30 ans). Il est rare d’encrer à la perfection le réalisme et le japonais avec deux ans de compétence professionnelle. N’hésitez pas à parcourir de la distance pour vous faire encrer par l’artiste de vos rêves. Renseignez-vous sur son actualité : il peut participer à une convention ou faire un « guest » (invité dans un studio) près de chez vous !
3/ On s’adresse à un pro !
On oublie de se faire tatouer sur un bout de table dans la cuisine du cousin du pote de la tante de…. Si vous endossez votre responsabilité, ok ! Votre tatouage mal encré sera un souvenir assumé… chacun ses choix ! Par contre, si vous souhaitez un résultat propre à la hauteur des meilleurs, alors adressez-vous à un professionnel ! qu’il exerce en shop, en street shop ou en atelier privé… L’inconvénient du scratcheur est qu’il vous appâtera avec un prix indécent et vous encrera un tatouage immonde sur la peau… Soyez patient, rencontrez plusieurs fois l’artiste dans son atelier/shop et écoutez votre instinct. Le scratcheur joue à l’expert, il mettra même un bout de cello sur sa table de cuisine pour vous donner l’impression de respecter les règles d’hygiène, et naïvement vous lui ferez confiance. Ensuite, vous devrez porter une horreur sur la peau toute votre vie et selon sa taille, faire un cover digne de ce nom. Il est important de rappeler que les tatoueurs sont formés aux normes sanitaires et déclarés. C’est l’ARS qui contrôle leurs activités.
4/ On budgétise !
On anticipe le budget, on ne marchande pas ! Non seulement votre proposition de négociation est insultante, mais en plus elle n’aboutira pas favorablement. Ce sera une perte de temps frustrante pour les deux parties. Le prix comprend la plupart du temps la qualité (voire la rapidité) du travail, la situation géographique et le coût de fonctionnement d’une boutique. De plus, la renommée justifie parfois les variations d’un shop à l’autre, cependant, les tarifs élevés ne garantissent pas un résultat exceptionnel… Si vous êtes impatient(e), alors retournez à la case prison/scratcheur, sinon attendez pour cumuler les fonds nécessaires à votre projet. Selon les délais de rdv de l’artiste, vous avez des mois, parfois même 1 an à 2 ans pour ficeler votre idée, mais vous serez tellement fier(e) du résultat ! Pendant ce temps, exercez votre regard et découvrez de nouveaux artistes. Surveillez l’évolution du travail de votre tatoueur/tatoueuse favori (te). Cela vous confortera dans votre choix, ou non.
5/ Un premier contact décisif !
En tout premier lieu, on contacte l’artiste, surtout s’il est loin. La meilleure solution est de le joindre par e-mail. En général, vous recevrez un courriel automatique expliquant le processus de la prise de rendez-vous. La plupart ont des assistant(e)s qui gèreront les échanges avec vous sur un éventuel projet. Attention, Internet ne vous dispensent pas des classiques formules de politesse « Bonjour, s’il vous plaît, merci, au revoir ». À juste titre, on fuit les réseaux sociaux. Si vous contactez l’artiste sur son Facebook/Instagram un dimanche, ne vous attendez pas à obtenir une réponse dans les 10 minutes qui suivent, même si celui-ci a « vu » votre message. On détaille au mieux son projet. On évite les approximations de taille. Mon tattoo fera la longueur d’un iPhone, par exemple… et surtout, on oublie le langage SMS «Bjr, J vou dré 1 tat2 pa cher ». On ne vous demande pas de maîtriser la langue française comme Maître Capelo, mais la précision est de rigueur pour se faire comprendre.
6/ On se déplace !
Le premier contact sur place est révélateur. Est-ce que vous vous projetez dans ce salon ? Est-ce que vous vous sentez à l’aise avec l’artiste ? Vous allez vous retrouver en tête à tête pendant des heures avec elle ou lui. C’est une notion primordiale. Le moindre doute doit vous faire changer d’avis. Observez le salon, l’accueil des clients, son agencement etc. Il y a des détails qui peuvent s’avérer gênant comme une séance en open space. Certains artistes exercent dans des espaces communs, juste séparés par des paravents et d’autres, dans des pièces fermées. Si vous êtes ultra pudique, ça peut vous bloquer. Cependant, vous n’êtes pas obligé de vous dénuder complètement pour un tatouage au poignet ou à la cheville, par exemple.
7/ Faites-lui confiance !
La relation tatoueur/tatoueuse et tatoué(e) doit s’établir sur la confiance ! Si vous avez pris le temps de venir plusieurs fois lui expliquer votre projet, et que vous avez senti qu’il/elle vous écoutait, alors faites-lui confiance ! Le tatoueur a des connaissances techniques du vieillissement du tatouage dans le temps, que vous ignorez. S’il vous donne des conseils sur une composition ou une taille de tatouage, sur un emplacement inadapté, écoutez-le ! C’est lui le pro ! L’important est qu’il/elle vous expose ses arguments et que vous soyez en mesure de les écouter. Il faut que ce soit un échange. Si vous n’avez pas trouvé d’accord, alors prenez le temps de la réflexion, réfléchissez à ses conseils, prenez du recul ou changez d’artiste. Mieux vaut s’assoir sur une cinquantaine d’euros plutôt que de regretter votre premier tatouage !
8/ Se préparer à la séance
Prenez soin de vous !! On évite de venir le vente vide ou malade, le lendemain de soirée arrosée, le manque de sommeil, une période de stress, etc.). C’est comme un voyage en avion, on prévoit des vêtements confortables et amples, selon la zone qui va être tatouée. On oublie la crème anesthésiante, c’est proscrit. La douleur est toujours relative : misez sur votre capacité à vous détendre (les adeptes du yoga seront avantagés), concentrez-vous, etc. Certains tatoueurs sont adeptes de l’hypnose et autre méthode pour alléger la douleur… Prévoyez une soirée tranquille après votre séance : si elle a duré plus de deux heures, vous aurez plus envie de vous effondrer dans votre canapé que de sortir faire la fête.
9/ Prenez soin de votre tatouage
Pendant le délai de cicatrisation, en moyenne deux semaines, les précautions doivent être maximales : veillez à la meilleure hygiène possible sur la peau tatouée et sur vos mains – qui ne doivent toucher le tatouage que pour le nettoyer ou appliquer un produit hydratant ou cicatrisant – et évitez tout frottement, tout en gardant la peau tatouée à l’air libre. On vous conseille donc de porter des vêtements amples. Au-delà de cette première phase, bannissez complètement le soleil (et les UV) et les baignades (bain, piscine, mer) pendant au moins un mois. Faites donc une croix sur des vacances à la plage si vous choisissez de vous faire tatouer en été… Enfin, retenez-vous de vous gratter : en cas de grosses démangeaisons, vous pouvez essayer de tamponner doucement avec un linge propre humidifié à l’eau froide, sans frotter.
10/ Faire contrôler son tatouage
Dans les premiers jours suivant la réalisation du tatouage, une réaction inflammatoire (rougeur et parfois gonflement) est tout à fait normale. Il est beaucoup plus rare que cette inflammation persiste au-delà d’une semaine : si elle s’accompagne alors d’une douleur, de fièvre ou d’un écoulement suspect, n’hésitez pas à rendre visite sans délai au tatoueur, qui pourra vous orienter vers un médecin si nécessaire. Si votre tatouage guérit normalement, attendez un mois pour montrer votre tatouage cicatrisé au tatoueur, sans attendre plus de six mois pour d’éventuelles retouches. Si le tatoueur est trop loin de chez vous pour cette visite de routine, n’hésitez pas à lui envoyer une belle photo, il vous en sera certainement reconnaissant ! On arrête de psychoter sur des problèmes imaginaires et surtout on évite les conseils des potes ! On va voir un vrai spécialiste : le dermatologue.