Buzzworthy Tattoo History est un site sur le traditionnel américain. Il est tenu par Carmen Nyssen dont le grand oncle était un illustre tatoueur : Bert Grimm.
Buzzworthy Tattoo History est un site sur le traditionnel américain. Il est tenu par Carmen Nyssen dont le grand oncle était un illustre tatoueur : Bert Grimm. Lorsque j’ai rédigé mon article sur le traditionnel américain, Buzzworthy a été une source d’informations précieuses.
En effet, Carmen est une passionnée d’histoire mais une passionnée qui vérifie ses sources. Voici un site aux articles intéressants et fiables. J’ai eu envie de lui poser des questions sur le trad !
http://www.buzzworthytattoo.com/
Texte/Interview : Alexandra Bay – Traduction : Olivia Denton-Pouret
Alexandra Bay : Quand as-tu découvert le tatouage ?
Buzzworthy tattoo history – Carmen Nyssen : J’ai toujours été intéressée par le tatouage étant donné que mon grand-père était dans la Marine américaine et était tatoué ; de plus, mon arrière-grand-oncle, Bert Grimm, était un célèbre artiste tatoueur. Mais ce n’est qu’il y a 15 ans, que j’ai officiellement débuté mes travaux de recherche sur le sujet.
Alexandra Bay : When did you discover tattoo ?
Buzzworthy tattoo history / Carmen Nyssen : I’ve always been interested in tattoos, given that my grandfather was in the U.S. Navy and had tattoos, and also because my great-great Uncle Bert Grimm was a famous tattoo artist. But I officially started researching the subject about 15 years ago.
A.B : Peux-tu me parler ton intérêt pour l’histoire du tatouage ?
C.N : Abstraction faite de mon histoire familiale, je suis fascinée par la richesse de l’histoire du tatouage. Il y a tellement d’influences croisées entre différentes cultures et phénomènes culturels. Selon moi, cela n’existe nul par ailleurs. Le tatouage est «Aussi ancien que les temps d’antan, aussi moderne qu’aujourd’hui», comme on dit. C’est un sujet qui relie tant de cultures diverses sur des milliers d’années.
A.B : Can you speak me about your interest of tattoo’s history?
C.N : Aside from having a family connection, I’m fascinated by the richness of the history. There are so many overlapping influences that cross over different cultures and cultural phenomenon. To me, there’s nothing else quite like it. As they say, tattooing is as ‘Ancient as time, as modern as today.’ It’s something that over-arches thousands of years across diverse cultures.
Le mythe Cook
A.B : James Cook est présenté comme le premier explorateur à avoir nommé la pratique du tatouage dans ses écrits. Cependant, Anna Felicity Friedman explique qu’il n’a pas été le premier à décrire cette pratique et que le tatouage était déjà présent en Europe. Peux-tu me raconter les prémices de cette pratique en occident ?
C.N : Dans de nombreux domaines de l’histoire, les faits ont été traités de façon superficielle dans la culture populaire, et c’est de cette manière que le contexte plus étendu s’en est trouvé édulcoré. À mesure que ces histoires moins détaillées se sont répétées, encore et encore, sans vérification de leur véracité, elles s’en sont retrouvées davantage simplifiées. Les expéditions du Capitaine James Cook illustrent bien ce cas.
Il a, certes, introduit le mot «tattoo» (au sens de « marquer la peau ») dans le langage courant de l’anglais, mais les descriptions de la pratique du tatouage dans l’Ouest remontent à bien avant l’époque de ses expéditions.
Je pense que beaucoup d’influences culturelles ont contribué à la pratique du tatouage en Occident. À mon sens, on ne l’a pas encore réellement compris. Il y a tellement d’aspects non documentés qui demanderaient d’être pris en considération… et c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Ce n’est pas quelque chose à laquelle on peut répondre de façon satisfaisante en une si courte interview. Pour faire bref, on pourrait dire que l’expansion mondiale en Occident a joué un rôle majeur dans l’évolution du tatouage occidental à ce qu’il est aujourd’hui.
Une fois toutes les routes maritimes plus précisément tracées, le monde s’est ouvert – pour le meilleur ou pour le pire – par le voyage maritime. Beaucoup de marins étaient tatoués ou eux-mêmes tatoueurs ; et de par leurs expéditions de port en port, ils ont influencé la pratique du tatouage dans le monde entier. Les villes portuaires sont devenues les plaques tournantes du tatouage. La ville de New-York, par exemple, est devenue l’un des principaux centres historiques de la pratique du tatouage. Non seulement du fait de la pratique traditionnelle du tatouage chez les marins, mais du fait de facteurs convergents.
Quelques-unes des premières foires présentant des gens tatoués en Occident étaient produites à New-York, la première ville à avoir porté à la connaissance du grand public, le tatouage au dermographe électrique. L’émergence des musées populaires (NDLT : les « dime museums » étaient des musées destinés à la classe populaire avec un prix d’entrée à dix sous), où le tatouage était devenu l’une des principales attractions, a largement contribué à faire de la pratique du tatouage un commerce établi.
A.B : James Cook is presented as the first explorer to have mentioned the art of tattooing in his writings. Yet Anna Felicity Friedman explains that he wasn’t the first to describe this practice and that tattooing already existed in Europe. Could you tell me about the beginnings of this practice in the West?
C.N : In many realms of history, facts have been treated superficially in mainstream culture and that’s how the greater context gets diluted. As these less detailed histories are repeated over and over without further investigation, they tend to be simplified even more. That’s the case with Captain James Cook’s expeditions. He definitely introduced the word ‘tattoo’ into the English language (in the sense of marking the skin), but descriptions of tattooing in the West extend back further than the time of his expeditions.
I think many cultural influences have contributed to the Western practice of tattooing. In my opinion, it hasn’t been thoroughly sussed out yet. There are so many undocumented facets that need attention and it’s a lot more complex than people think. It’s not something that can be satisfactorily answered in a short interview. In very general terms, however, global expansion in the West played a major role in developing Western tattooing into what it is today. Once sailing routes were more thoroughly charted the world became connected (for better or worse) through sea travel. Sailors traveling from port to port, many of whom had tattoos or were tattooers themselves, brought influences in tattooing all over the world. Port cities arose as tattoo hubs. New York City, for instance, became one the most significant tattoo centers, historically speaking. Not only because of sailor traditions of tattooing, but due to converging factors.
Some of the first tattooed attractions in the Western world were produced in New York City and electric tattooing was first popularized there. The emergence of dime museums, where tattooed attractions became main attractions, coincided as well, giving tattooing a huge push towards becoming an established trade.
Le tatouage de marins
A.B : J’ai lu sur quelques sites web consacrés aux marins, que c’étaient les marins de Cook qui avaient été les premiers à exhiber l’art des autochtones sur leur peau et ainsi à faire découvrir cette pratique. Qu’en est-il réellement de la pratique du tatouage par les marins ?
C.N : Je n’ai pas personnellement étudié la documentation plus ancienne faisant mention de tatouages pre-Cook, mais il est avéré que les marins étaient tatoués avant l’époque de Cook.
A.B : I’ve read on some websites dedicated to sailors, that Cook’s sailors were the first to exhibit the native art of tattoo on their skins and thus lead to its discovery. How do things really stand concerning sailors and the art of tattooing?
C.N : I personally haven’t researched older documents for mentions of pre-Cook tattoos. But it’s been established that sailors were tattooed in pre-Cook years.
A.B : A quelle époque, peut-on remonter concernant la pratique du tatouage par les marins ?
C.N : Le manque de documents historiques fait qu’il est difficile de dater la pratique du tatouage chez les marins. Là encore, il y a beaucoup de recherches à faire avant de pouvoir formuler des conclusions concrètes.
A.B : How far back can we trace sailors’ practise of the art of tattoo?
C.N : Due to lack of documentation of sailor’s tattoos in historical records, it may be difficult to prove how far back in time sailor traditions of tattooing began. Again, there’s a lot more work to be done on this subject before concrete conclusions can be formed.
A.B : De 1796 à 1818, un rapport est rédigé grâce au SPC-A sur les marins et le tatouage. Dans les motifs observés, il n’y a aucun motif polynésien. Que peut-on en retenir ?
C.N : Il est indéniable que les rencontres avec le tatouage polynésien traditionnel ont dû exercer une certaine influence sur les marins. Cependant, les motifs polynésiens ne « parlaient » pas forcément à la culture occidentale. Aussi, les marins, en tant que « sous culture unie », ont fini par développer leur propre langage au travers des motifs de tatouage, en relation direct avec leur culture de voyageurs maritimes. Les motifs comme « Sailor’s Return » (NDLT : Le retour du marin), « Sailor’s Farewell » (NDLT : les Adieux du marin), et « Homeward Bound » (NDLT : Sur le chemin du retour) exprimaient des sentiments répandus chez ces hommes qui partent en mer et qui retrouvent leur femme ou leur chérie. Il existe d’autres motifs de nature plus superstitieuse, comme celui du cochon tatoué sur le pied pour se garder de la noyade. Les ancres croisées tatouées sur la peau palmée entre le pouce et l’index marquaient le rang de maître d’équipage, donc une identifIcation hiérarchique. Enfin, d’autres motifs impliquant la cérémonie dite du « passage de l’Équateur », étaient ritualisés.
A.B : A report was written between 1796 and 1818 thanks to the SPC-A on sailors and tattooing. Out of all the motifs presented, there was not a single Polynesian pattern. What can be concluded?
C.F.N : Encountering Polynesian traditions of tattooing undoubtedly influenced sailors in some way. However, the designs weren’t necessarily culturally meaningful in the Western world. Sailors, as a united sub-culture, eventually developed their own vocabulary of tattoo designs that directly correlated to their own culture of seafaring. Designs such as “Sailors Return,” “Sailor’s Farewell,” and “Homeward Bound” expressed common sentiments of men leaving and reuniting with their wife/sweetheart. Other designs like a pig tattooed on the foot to prevent drowning were more superstitious. Crossed anchors tattooed on the webbing between the thumb and forefinger signified rank as a boat’s swain, identification in other words. Other designs involving crossing-the-equator ceremonies were ritualistic.
Loin des océans
A.B : Peut-on considérer que Gus Wagner est l’un des premiers à avoir popularisé le tatouage de par ses activités : sideshow men et tatoueur ? Il serait celui qui a importé le tatouage au sein des terres américaines ?
C.N : Au début des années 1880, les spectacles de foires avec des gens tatoués ont fait sensation aux Etats-Unis, puis en Europe. James O’Connell a précédé cette vague de popularité, lorsqu’il a voyagé avec P.T. Barnum dans les années 1840, même si ses motifs n’étaient pas issus du tatouage occidental. C’est pareil pour le Capitaine Constentenus ; ses tatouages auraient été exécutés en Birmanie. Gus Wagner est entré dans la danse bien après les musées populaires et les spectacles de foires des années 1880-1890.
A.B : Could we consider that Gus Wagner was one of the first to have popularized tattooing as a circus sideshowman and tattoo artist? He is said to be the one who introduced tattooing to America?
C.N : Tattooed attractions made quite a sensation in the U.S., then Europe, starting in the early 1880s. James O’Connell came before this wave of popularity, when he traveled with P.T. Barnum in the 1840s, though his designs weren’t the product of Western tattooing. The same goes for Captain Constentenus; his tattoos were said to have been executed in Burma. Gus Wagner came along well after the 1880s-1890s dime museum/sideshow tattooed attraction phenomenon began.
A.B : Maud aurait souhaité qu’il apprenne le métier en échange d’un rendez-vous galant ? Est-ce une légende ?
C. N : On ne connaîtra probablement jamais le vrai de l’histoire. Même si elle est reportée dans une interview de journal, il était de pratique courante de raconter ce genre de baratin pour rendre la vie des artistes tatoueurs et des gens tatoués plus intéressante et faire monter les audiences des spectacles et des musées populaires.
A.B : Is it true that Maud would have wished him to learn the profession in exchange for a date. Or is that just according to legend
C.N : We’ll probably never know the real story. Even if there is documentation of it in a newspaper article, many times these sorts of spiels were concocted to make the careers of tattoo artists and tattooed people more interesting to sideshow and dime museum audiences. This dynamic often extended to newspaper interviews.
A.B : On peut également lire qu’ils auraient pratiqué le handpoke (après une pratique rapide du dermographe) jusqu’à la fin de leur vie ?
C.N : C’est effectivement ce que l’on raconte. Il existe tout de même au moins une photo de Wagner tenant un dermographe électrique.
A.B : It is also written that (after having used dermography for a short time) they practiced the hand poke technique all their lives.
C.N : That’s how the story is told. There’s at least one image of Wagner holding an electric tattoo machine though.
A.B : Albert Parry a écrit un livre passionnant sur le tatouage. D’après ses écrits, Martin Hildebrandt serait le 1er tatoueur à s’installer en magasin en 1870, à Oak Street ? Est-ce vrai ? Visiblement, il n’était pas très tendre avec ses collègues.
C.N : On attribue souvent à Hildebrandt le mérite d’avoir ouvert le premier salon de tatouage professionnel. Je dirais qu’il était tout du moins, le premier artiste tatoueur dans la ville de New-York à avoir su attirer l’attention des journalistes. Comme l’attestent les registres de la ville, il a ouvert son premier salon en 1859, au 361 Water Street. Mais au fil des années, il n’était pas systématiquement répertorié dans les annuaires comme tatoueur ; parfois, il était listé comme marin ou simplement artiste. Il est donc possible que d’autres tatoueurs exerçassent, avant son temps, sans être répertoriés comme tels.
A.B : Albert Parry wrote a fascinating book on tattooing, which states that Martin Hildebrandt was the first tattooer to open a shop in 1870, on Oak Street. Is that true? Apparently, he was pretty rough on his colleagues…
C.F.N : Hildebrandt is often given credit for establishing the first professional tattoo shop. I would say that he was at least the first tattoo artist in New York City to garner significant attention from newspaper reporters. As for the date he started his business, his first documented shop in city directories was in 1859, located in a saloon at 361 Water Street. Over the years, he wasn’t consistently listed as a tattooer in directories; sometimes he was listed as a sailor or simply an artist. It’s possible there were other tatooers from before his time that just haven’t been documented in records.
Les freaks tatoués
A.B : Le tatouage traditionnel américain a un lien ténu avec le sideshow. J’ai fait pas mal de recherches à ce sujet. On dit que Martin Hildebrandt a tatoué la première femme de sideshow Nora. Cependant, il est compliqué de trouver quel était leur lien filial. Certains disent que c’était sa femme (Amelia Klem Osterud) et d’autres sa fille. Tandis que le daredevil tattoo museum dit qu’ils n’avaient aucun lien de parenté. Existe t-il des sources fiables à ce sujet ?
C.N : J’ai fais des recherches pour trouver un acte de mariage concernant Martin Hildebrandt et Nora Keaton (son nom de jeune fille). Il ne semble pas y en avoir, mais il se pourrait que ce soit dû à la mauvaise retranscription orthographique des archives. Il est tout aussi possible que les archives aient été détruites dans un incendie, ou jetées… Ce sont des scénarios que l’on rencontre assez couramment lorsqu’on fait de la recherche. J’ai moi-même fait le constat qu’à New York, il y a grand nombre de documents manquant sur cette période. Il y a un indice concernant l’état matrimonial de Nora et Hildebrandt. Les deux actes de mariage de Nora avec son deuxième mari, Jacob Gunther (elle avait dû se marier deux fois avec lui pour des raisons que l’on ignore), stipulent que son précédent nom de famille est Hildebrandt, et non pas son nom de jeune fille. Cela laisse à penser qu’ils ont bien été unis par les liens du mariage.
A.B : The connection between traditional American tattooing and the sideshow is hard to determine. I have done a lot of research on the subject. It is said that Martin Hildebrandt tattooed Nora, the first sideshow woman. However, it is hard to find much information on their family ties. Some people say she was his wife, others, his daughter. While the Daredevil Tattoo Museum states that they were not related. Are there any reliable sources on the question?
C.F.N : I have searched for a marriage record for Martin Hildebrandt and Nora Keaton (her maiden name). There doesn’t seem to be one on record, but this could be a case of poorly transcribed records where the spelling is off. It’s just as possible the marriage record was destroyed in a fire, thrown away, etc. I’ve found all of the above scenarios fairly common problems in researching. I’ve personally encountered a good number of missing records in New York City from this early period. There is one clue about Nora and Hildebrandt’s marital status. When she married her second husband Jacob Gunther (she had to marry him twice for some reason), both marriage records give her legal previous name as Hildebrandt, not her maiden name, suggesting they may have been officially bonded in marriage.
A.B : Pourquoi les Américains étaient autant fascinés par les exhibitions de tatoué(e)s ?
C.N : Les Américains étaient généralement fascinés par le cirque et les musées populaires. C’étaient des phénomènes qui ont fait sensation, y compris pour les attractions de tatoués. Les propriétaires de musée et de cirque, tout comme les artistes, ont usé de toutes sortes de techniques pour aguicher et attirer les clients.
Il se peut que les premiers spectacles de tatoués avec des motifs occidentaux de nature totalement novatrice aient exercé la plus forte attraction sur les foules. Les précédentes foires avaient présenté des tatoués couverts de motifs issus d’autres traditions culturelles – de la Polynésie ou de la Birmanie, par exemple – qui étaient accueillis comme trop exotiques et étrangers. Les bêtes de foires auto-tatouées, façonnées par le style de tatouage occidental, apportaient un complément détonnant à la culture occidentale, non pas grâce à leurs tatouages en soi, mais dans le contexte.
Ce n’était pas de ces personnes qui avaient accumulé des tatouages au hasard, tout au long de leur vie, mais de ceux qui s’étaient délibérément prêtés à l’aiguille pour se couvrir de tatouages (une pratique quasi-rituelle empruntée à d’autres cultures de tatouage traditionnelles), dans le but d’exposer leurs corps dans un contexte singulièrement novateur. Ils ont créé un nouveau phénomène culturel qui a introduit en Occident un exotisme ironique. Cela a fortement marqué les spectateurs.
A.B : Why were American people so fascinated by exhibitions of tattooed persons?
C.N : Americans were fascinated by the circus and dime museums in general. It was a highly sensationalized phenomenon that included tattooed attractions. Museum and circus owners, as well as the performers, used all sorts of techniques to build up allure and attract customers. Perhaps the biggest draw with the earliest tattooed attractions covered in Western style designs was their utterly novel nature. Previously exhibited attractions were covered with tattoo designs from other cultural traditions, such as those of Polynesia or Burma, and their art work was touted as exotic and foreign. Self-made tattooed freaks, fashioned by the Western style of tattooing, were a startling addition to Western culture.
Not because of their tattoos, per se. It was the context. These were not people who had randomly collected tattoos throughout the course of life. They willingly submitted to the needle and were deliberatley covered in tattoos (a quasi-ritual appropriated from other cultures’ tattoo traditions) in order to display their bodies within the context of the unusual—they created a new cultural phenomenon that introduced an ironic exoticism to the West. It had a profound effect on audiences.
A.B : D’ailleurs, il semblerait que Constentenus se soit fait tatouer uniquement pour gagner sa vie ?
C.N : C’est encore une histoire qu’il serait difficile de vérifier.
A.B : It is also said that Costentenus had himself tattooed only to make a living?
C.N : It’s one of those stories that would be difficult to prove one way or the other.
Une histoire du tatouage complexe
A.B : Pourquoi est-ce si difficile de trouver des traces historiques fiables sur le tatouage ?
C.N : Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, dans un passé pas si lointain, la transmission de l’histoire du tatouage était faite à l’oral (qui peut être expliquée par la nature mystérieuse des artistes tatoueurs). De plus, tout ce qui a ensuite été retranscrit s’est basée sur l’histoire orale et les reportages de presse, souvent biaisés par la subjectivité du journaliste et les histoires invraisemblables et auto promotionnelles des artistes tatoueurs.
Il y a très peu de temps que des chercheurs/historiens ont commencé à bâtir des bases plus solides, en incorporant toutes sortes de documents historiques et de transmission orale à leurs études. Mais il reste encore tellement à découvrir et malheureusement, les études les plus récentes empêchent l’émergence de travaux moins documentés. Parce-que le tatouage et l’histoire du tatouage sont tellement présents dans la culture populaire aujourd’hui, le sujet est devenu banal dans les médias traditionnels. La plupart des articles (mais pas tous) dans les journaux, magazines, blogs, réseaux sociaux et même dans les livres, ne propose qu’une approche convenue du tatouage.
Ils ne sont pas forcément écrits par des auteur-e-s qui ont de solides connaissances du tatouage. Souvent, ces auteurs se contentent de réitérer les travaux peu documentés (qui perdurent toujours) qu’ils appauvrissent encore en interprétant et en simplifiant la teneur, ce qui a pour résultat de délayer la vision d’ensemble ; cela a tendance à se produire régulièrement. Cette manie de reprendre des infos, sans plus de recherches ou sans réellement comprendre le contexte historique, altère et/ou dénature l’Histoire. C’est un problème vraiment complexe, car cet engouement populaire pour le tatouage en fait justement un sujet d’actualité.
A.B : Why is it so hard to find reliable historical sources on tattooing ?
C.N : There are a number of factors at play. For one, in the not so distant past, the passing on of tattoo history largely depended on oral tradition (which can in part be chalked up to the secretive nature of tattooers). Moreover, much of what was written in earlier years relied on oral history, and media reports, which tended to be biased because of interviewer perspective and the tattoo artist’s own tall tales and self-promotion.
It wasn’t until more recent years that researchers/historians started building a more solid foundation by incorporating all types of historical documents and oral history into their studies. Yet there’s still so much to uncover, and unfortunately, these more recent studies vie directly with the perpetuation of less-founded work. Because tattooing and tattoo history are so popular in mainstream culture now, the subject has become commonplace in mainstream media. Many articles (though not all) in newspapers, magazines, blogs, social media, even books, only present the mainstream perspective on tattooing.
They aren’t written by authors who are necessarily knowledgeable about tattooing. In many cases, these authors are merely reiterating less-founded work (which still prevails), and also interpreting and simplifying the content, which dilutes the greater picture; this tends to happen multiple times over. This pattern of repeating, without further investigation or without truly understanding historical context, alters and/or waters down the history. It’s really a complex matter, though, because mainstream interest in tattooing is part of what keeps it relevant.
A.B : Quels seraient les ouvrages de référence pour un passionné de tatouage ?
C.N : Cela dépend vraiment du centre d’intérêt de la personne. Certains ne s’intéresseraient peut-être qu’à l’imagerie du tatouage, d’autres souhaiteraient approfondir le contexte historique, d’autres, une approche plus directe du sujet et d’autres encore, un peu de tout cela. Il existe des ouvrages pour tous les goûts et je n’aimerais vraiment pas faire la promotion d’un livre au détriment d’un autre, puisque la préférence personnelle a tellement d’importance. à ceux qui s’intéressent à l’histoire du tatouage, je recommanderai de commencer par des livres qui correspondent à vos goûts et de là, à construire ses connaissances au fur et à mesure des lectures.
A.B : What reference books would you recommend to a tattoo enthusiast?
C.N : It really all depends on a person’s interest. Some might only be interested in tattoo imagery, others might enjoy indepth historical context, others a more straightfoward treatment, and some all of the above. There’s something for everyone out there and I’d hate to promote one book over another, since it’s a matter of personal preference. For those interested in tattoo history, I would recommend starting with books in your interest range and build from there accordingly.
Retrouver l’interview dans Tattow Stories 2
Tattow Stories #2 – Non réédité
TATTOW : Noun : tattow Plural : Tattows Archaic form of tattoo. Verb : tattow Third-person singular simple present : tattows, Present participle : tattowing, Simple past and past participle : tattowed.
TATTOW STORIES 2 : Début du 20e siècle et l’invention du dermographe électrique + Interviews de Carmen Nyssen et Antoine Paul
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F…
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merci pour ces superbes retranscriptions et du passés mais aussi pour les visuels.
Merci Maintrot :-))