Ateliers de tatouage pour les enfants à Pantin Est

Ateliers de tatouage pour les enfants à Pantin Est

You are currently viewing Ateliers de tatouage pour les enfants à Pantin Est

Ateliers de tatouage : retour sur une expérience riche en apprentissages

J’ai animé deux ateliers de tatouage pour un public d’enfants âgés de 8 à 12 ans, dans trois bibliothèques de Pantin Est, les 26 novembre et 3 décembre 2017. Le thème choisi était « Les métamorphoses du corps ». J’ai eu l’occasion de découvrir des lieux très différents et de rencontrer des équipes toujours accueillantes, que ce soit à la bibliothèque Romain Rolland, Elsa Triolet ou Jules Verne. Trois endroits qui se sont révélés uniques tant par leur structure que par leur environnement.

bibliotheque elsa triolet

Un atelier de tatouage pour les enfants

Sur les recommandations de la bibliothèque de Béziers, l’ensemble de Pantin Est m’a invité à animer plusieurs ateliers de tatouage pour les enfants. Contrairement à Béziers, il ne s’agissait pas d’exposer mes photos sur les parents tatoués « Love, Tattoos & family », mais plutôt d’animer des ateliers ludiques sur la thématique du tatouage à destination d’un public jeunesse. J’avais organisé deux séances à la bibliothèque de Lieusaint et j’avais adoré l’expérience. Aussi, je me sentais parfaitement motivée pour recommencer. Cependant, je voulais proposer un projet structuré.

Exposition mauvais garçons : Elsa Triolet
Exposition mauvais garçons : Elsa Triolet

La Lecture :  » Les histoires de l’Oncle Tatoo »

A mon sens, la lecture offrait un excellent support pour transmettre des messages. En tant que mère, j’ai eu l’opportunité de développer mes compétences de conteuse. Chaque soir, avant le coucher, Emy a eu droit à son histoire jusqu’à l’adolescence. Nous avons commencé par une séance de lecture au cours de laquelle les enfants ont découvert « Les Histoires de l’oncle Tatouage ». Grâce à ses tatouages, le motard raconte ses aventures à trois de ses nièces : la, la la et la la la. Cet échange a stimulé l’imagination et la créativité des participants.

J’ai ensuite pris le temps d’explorer les aspects significatifs des tatouages en mettant l’accent sur leur caractère permanent et l’importance des symboliques. En effet, les péripéties rocambolesques de mon oncle «Tatoo » mettent en lumière le parcours d’un individu qui marque les moments importants de son existence sur le corps. J’ai donc insisté sur l’importance de considérer cette décision comme un engagement sérieux. Ce livre véhicule aussi le message selon lequel certaines valeurs, comme la richesse ou l’apparence physique, ne devraient pas être surestimées.

Sages comme des images

J’avais quelques réserves quant à ma capacité à captiver l’attention d’un jeune public. Cependant, l’association de la projection vidéo et de la lecture s’est avérée être une combinaison gagnante. De plus, j’ai joué avec la tonalité de ma voix, donnant du corps aux différents personnages, ce qui m’a aidé à capturer leur attention. Les petits ont été aussi sages qu’une image.

Certaines mères assistaient à l’un des ateliers de la médiathèque « Elsa Triolet », et l’une d’entre elles a éclaté de rire tout au long de notre séance de lecture. Cette réaction m’a vraiment fait sourire. Quand elle m’a remercié pour ma « lecture captivante », cela m’a touché. C’était la première partie des ateliers de tatouage, celle qui aborde l’origine et la signification des motifs.

Cependant, j’ai essayé de ne pas créer de généralités, car chaque expérience de tatouage est unique et complexe

Histoire ludique du tatouage

Une histoire du tatouage au XXe siècle

Au cours de notre premier atelier, j’avais prévu de diffuser l’animation « Une histoire du tatouage au XXe siècle », créée par Julien Croyal. Cette animation de quelques minutes retrace l’histoire du tatouage en Europe, aux États-Unis et en Asie. Toutefois, il s’est avéré que ce contenu n’était pas adapté à l’esprit amusant que je voulais créer pendant les ateliers. Les concepts abordés dans la vidéo étaient trop difficiles à assimiler pour des enfants.

De plus, étant donné le court délai imposé, j’ai trouvé ardu de résumer l’histoire et l’évolution du tatouage, ainsi que d’expliquer en détail la profonde symbolique des tatouages portés par les détenus soviétiques, en particulier ceux emprisonnés dans les goulags ou des bagnards, représentés dans le clip. Par conséquent, j’ai décidé de ne pas inclure cette animation lors des séances de tatouage d’Elsa Triolet et de Jules Verne.

Les marins et Sailor Jerry

Si l’animation s’est avérée superflue, j’ai abordé plusieurs faits chronologiques importants sur le tatouage. J’ai choisi de mettre en lumière la manière dont les marins ont répandu la pratique à travers les mers et les océans. Puis, j’ai raconté aux enfants comment l’explorateur James Cook fut le premier à utiliser le terme « tattow » pour décrire la pratique dans ses écrits. J’ai également parlé de l’invention du dermographe. Pour finir, j’ai enchaîné avec l’influence du célèbre tatoueur Sailor Jerry qui a contribué à forger une version fun et moderne du tatouage traditionnel américain.

D’ailleurs, ce style que j’affectionne était à l’honneur durant l’atelier, car j’ai proposé aux enfants de reproduire des symboles du trad américain. Tout d’abord, je leur ai expliqué la signification de chaque motif associé aux périples des matelots. J’ai ainsi créé plusieurs fiches résumant les quatre classiques : l’ancre, la sirène, l’hirondelle et l’étoile nautique. Le document reprenait le récit historique ainsi qu’une explication détaillée du symbole. Lors de cette prise de parole, j’ai voulu mettre en évidence l’importance d’un héritage culturel et historique profondément ancré dans le monde maritime.

ateliers de tatouage materiel de dessin

Création du tatouage

La seconde moitié des ateliers de tatouage était une mise en pratique. Les jeunes ont appris comment un tatouage se concrétise à partir d’une idée, l’importance de sa symbolique ou de sa signification personnelle. Je trouvais donc important de leur expliquer tout le processus créatif du tatoueur, du dessin au transfert sur la peau. C’est, pourquoi, j’ai demandé à Pantin Est d’acheter du papier-calque et du transfert. Pour assurer un rendu réaliste, j’avais aussi demandé du gel pour fixer le « stencil » sur la peau. On disposait donc de tout le matériel indispensable : ciseaux, crayons, feutres, etc.

Le choix des motifs

À la bibliothèque Romain Rolland, j’ai adoré les réactions des enfants à la vue des tattoo flashes de Sailor Jerry. Ils disaient « beurk, les seins de la sirène », alors que ceux-ci étaient pourtant cachés par de jolies étoiles. Je leur avais laissé le choix des motifs. Toutefois, l’ancre et la sirène étaient bien trop complexes à reproduire. Pour les ateliers suivants, j’ai donc imposé l’étoile nautique, un motif plus simple. De plus, il plaisait autant aux filles qu’aux garçons.

Du coup, il nous restait encore du temps pour le dessin, alors les enfants ont pu choisir d’autres dessins. D’ailleurs, à la bibliothèque Jules Verne, une petite fille a décalqué les cœurs d’un vieux flash vintage du livre « Tattoos » d’Henk Schiffmacher. J’ai également expliqué aux enfants deux techniques différentes du tatouage : le free hand (à main levée sur la peau) et les tattoo flashes (calque sur la peau).

Free Hand et flash

Les enfants ont manifestement apprécié cette activité, car ils ont écouté attentivement les instructions et se sont avérés très productifs. Certains d’entre eux avaient même choisi un motif de tatouage à l’avance. À la bibliothèque Romain Rolland, une jeune fille m’a demandé de l’aider à reproduire une main tenant un système solaire avec la méthode du free hand. C’était une très belle idée ! Si j’ai souhaité canaliser les enfants sur le motif de l’étoile nautique, l’idée était surtout qu’ils s’amusent.

Le transfert déroutant

L’application du transfert a représenté un défi incontournable. En effet, c’est la première épreuve que doivent surmonter les apprentis tatoueurs. J’ai pris soin d’expliquer en détail les subtilités de cette manœuvre au personnel de la bibliothèque, qui, selon moi, a grandement apprécié l’expérience. Ils ont ainsi eu l’occasion d’observer les difficultés de cette étape comme l’importance de ne pas appliquer trop de gel ou d’éviter tout mouvement pendant la procédure.

Les enfants ont trouvé cela amusant, mais certains d’entre eux se sont sentis frustrés parce qu’ils avaient trop bougé. Heureusement, nous avons pu reprendre avec enthousiasme ! C’était également l’occasion pour eux d’essayer le « freehand », c’est-à-dire de créer un design sans utiliser de pochoirs. Quelques-uns se sont véritablement impliqués, comme notre future artiste du tatouage, Nipuni, qui a dessiné une superbe ancre en utilisant cette technique !

atelier tatouage @Chuck Ersatz

Concrétisation du tatouage

Du concept initial au dessin final, il était essentiel de consacrer un volet axé sur la technique. Il s’agissait en quelque sorte d’une mise en pratique. Le but n’était certainement pas de leur enseigner le tatouage, mais plutôt d’explorer le phénomène dans son ensemble. Les jeunes ont trouvé cette expérience plutôt divertissante, car ils étaient d’abord intimidés par le fonctionnement du dermographe. Heureusement, un enfant plus audacieux a osé tendre sa main vers l’instrument, découvrant ainsi que la pointe dépourvue d’aiguilles ne provoquait aucune douleur.

En effet, j’avais apporté du matériel. Je suis une fan de tatouage depuis 20 ans. J’ai acheté certaines machines, tandis que d’autres m’ont été généreusement données par des amis tatoueurs. Cependant, je ne cherche pas à devenir moi-même tatoueuse. Mon plaisir réside dans l’étude et l’appréciation de cet art, sans avoir besoin de le pratiquer.

atelier tatouage @Chuck Ersatz
Atelier tatouage @Chuck Ersatz 9

Présentation du dermographe

Donc, j’ai préparé une table avec tous les matériaux requis : deux dermographes, un tube d’aiguille, un récipient d’encre, des gants, une bouteille d’encre, une source d’alimentation et une pédale. Seul l’un des deux pistolets à tatouage était branché, sa buse ayant été démontée, ne laissant apparaitre que la tige. Les enfants ont facilement imaginé en regardant la tige qui bougeait, que le tatouage pouvait être assez douloureux.

Évidemment, j’avais réglé la tension suffisamment haute pour que le va-et-vient soit plus rapide. Quelques-uns n’ont pas eu peur et ont même osé poser leur main sous la tige, mais d’autres étaient plutôt réticents. Je tentais de les encourager à essayer la pédale ou même à revêtir des gants, dans l’espoir de dissiper leur appréhension. L’un des dermographes avait des bobines de cuivre suffisamment visibles pour illustrer la conduction électrique aux enfants.

Encre noire dégoulinante

Pour amuser la galerie, j’ai versé de l’encre noire dans un godet et je me suis servi du pinceau pour tracer des traits grossiers sur ma peau. Les enfants ont éclaté de rire, surtout quand l’encre a coulé sur la table. Mon objectif était simplement d’illustrer le concept du tatouage en évitant les aspects trop techniques. Cette partie a été plutôt courte. L’objectif principal était de rendre l’expérience tangible.

Remerciements

Je voudrais exprimer ma profonde gratitude aux équipes des bibliothèques, qui se sont impliquées dans l’organisation de ces ateliers de tatouage. Leur engagement envers les enfants est remarquable. Elles établissent un véritable lien social et culturel avec les résidents du quartier. Les lieux étaient tous différents, mais l’énergie était la même. Ces échanges sincères et enrichissants ont renforcé mon désir de continuer à partager mes connaissances sur cette pratique.

Photos des ateliers de tatouage à la Bibliothèque Jules Verne. @Chuck Ersatz. Tous droits réservés.

Alexandra Bay

+++ Auteure de LOVE, TATTOOS & FAMILY, (ISBN : 2916753214) +++ Co-Fondatrice de FREE HANDS FANZINE +++ TATTOW STORIES +++

Laisser un commentaire